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Métisong

 

Y a des matins quand on se lève

Y’a plus de musiques dans nos têtes

Plus les frissons de l’harmonie

Plus aucun parfum de la vie

On a besoin d’autres couleurs

D’aller se métisser le cœur

 

Alors on se laisse emporter

Par le cliquetis d’une clé

Par la fanfare des poubelles

Le piaillement des hirondelles

Par la symphonie des Klaxons

Ou par le voisin qui fredonne :

 

Métissons métissons-nous, prenons tous la même cadence

On est les mêmes quand on joue, on a tous les mêmes chances

Qu’on soit Zoulou, hindou, papou, on va tous dans le même sens

 

Métissons métissons-nous, mélangeons nos différences

Piétinons tout les tabous et balayons la préférence

Nationale que des fous, aujourd’hui encore nous balancent

 

Ca y est, on retourne au pays

Où il n’y a pas de différences

Comme seule loi la fantaisie

On parle tous la même langue

L’amitié comme seule patrie

L’Amour et puis la tolérance

 

Métissons métissons-nous, mélangeons nos différences

Piétinons tous les tabous et balayons la préférence

Nationale que des fous, au bruit des bottes nous cadencent

 

Métissons métissons-nous, mélangeons nos différences

Piétinons les garde-fous car maintenant c’est une urgence

Ne ratons pas le rendez-vous, on a tous la même espérance.

 

Le blues des huit heures de boulot

 

Y’a eu la blouse du dentiste

Y’a eu le blues du bisnesman

Le blues qui veux dire que je t’aime

Moi j’chante un blues plus réaliste

 

Quand la nuit j’plane dans mes nuages

Que les rêves me porte-bagages

J’entends peu à peu une musique

Mais c’est un Bip-Bip névrotique

Qui m’dégringole vertigineux

Vers mon deux-pièces de banlieu

J’me déguise en premier d’la classe

Pas de café déjà j’m’entasse

Dans ces cohortes de morts-vivants

J’arrive en r’tard évidemment

Avec la gueule enfarinée

Avec la trace de l’oreillet

Et les neurones coagulés

 

J’ai l’blues des huit heures de boulot

Dès huit heures, j’veux plus travailler

Je perds ma vie à la gagner

Ça m’conduit droit vers mon tombeau

 

Après une heure d’embouteillages

J’atteris complètement en nage

J’ai le sermon du directeur :

Je sais Monsieur l’heure, c’est : huit heures

J’attends dix heures pour mon café

Quoi ? la machine est détraquée

J’ai des coups d’marteaux dans la tête

Vite midi pour qu’ça s’arrête

Mais au repas pas de cadeau

Les copains me parlent de boulot

Et cette cravatte veut m’étrangler

J’la fais tremper dans mon café

Je suis vraiment désespéré

 

J’ai l’blues des huit heures de boulot

Dès huit heures, j’veux plus travailler

Je perds ma vie à la gagner

Ça m’conduit droit vers mon tombeau

 

L’après-midi c’est le plus long

Je me tap’rais bien un roupillon

Pour m’réveiller, je compte les heures

Quand j’réalise, j’ai mal au cœur

Plus que quatre, cet après-midi

Mais trente-six jusqu’à vendredi

Et mille six cents jusqu’aux vacances

J’me décompose quand j’y pense

Soixante-dix milles pour la retraite

Je vais vomir dans les toilettes

En r’venant j’croise le patron

Qui m’dit à sept heures : réunion

Et là j’suis pris de convulsions

 

J’ai l’blues des huit heures de boulot

Dès huit heures, j’veux plus travailler

Je perds ma vie à la gagner

Ça m’conduit droit vers mon tombeau

 

A l’heure qu’il est, y a plus d’bouchon

J’me rapatrie chez ma maison

Juste la force de manger

De m’engloutir dans la télé

De peur d’être obligé d voir

Qu’j’ai que deux heures à moi le soir

Que d’autres rêvent de cette chance que j’ai

Et que j’m’arrêterai jamais

Mais déjà se ferment mes yeux

Et j’rejoins mon bonheur moelleux :

Sur une mer étale

Couverte de pétales

Baigne un soleil léger

Où joue une risée

On ramasse des fruits

Aucun n’est interdit

Et nous faisons l’amour

Sur des vagues-velours

Enivrés de musiques

Au doux son …

Au doux son …

Au doux son … névrotique …

C’est huit heures et j’ai l’blues

Le blues des huit heures de boulot.

 

 

Marseille

 

Tu n’es pas belle

Comment tu fais

Tu m’ensorcelle

Tu me retiens dans tes filets

 

Cité rebelle

La moins aimée

Des demoiselles

Des bords de méditerranée

 

Marseille, je t’aime

Toute bronzée

Quand tu déchaînes

Les mecs sur la plage l’été

 

Marseille, j’t’aime moins

Lorsque tu crains

Quand tu te gares en double file

Tu «emboucane » toute la ville

 

«Allez zou ma belle, tu fais un bouchon qui va de la corniche à la canebière

Oh ! boulègues pas lou batèou, je fais une bise à ma collègue que je l’ai pas vu depuis ce matin »

 

Marseille, je t’aime

Les yeux mouillés

Tu me fais peine

La nuit te rend triste à pleurer

 

Mais ton mistral

Vient te sauver

Sacrée cigale

C’est le soleil qui’t’fait chanter

 

J’aime quand tu fausse-blonde

Que tu bijoute trop clinquant

Tu mini-jupe comme une bombe

Que tu te fardes trop flambant

 

Marseille, j’t’aime moins

Lorsque tu crains

Quand tu t’emportes, tu prise-de-bec

Que tu te bats, que t’es un mec

 

«Oh! si tu manques de respect à ma copine je t'explose, tu as compris,

Viviane retiens-moi où je le fracasse»

«Raymond, Raymond calme-toi, il va te venir encore les cacarinettes»

«Bon, tu as de la chance»

 

Marseille, je t’aime

Quand tu es la «Mamma»

Tu es la reine

Tous tes minots autour de toi

 

En boulangère

Quand tu me dis

«Eh, be ! peuchère

tu’as l’air tout triste mon kiki »

 

J’aime quand tu toute vieille

Que tu me parles comme à ton fils

Tu dis ton repas de la veille

«Oh ! boudiwe Gari, hier je me suis mangé une aïoli qu’elle m’a reproché toute la nuit, que peuchère mon pauvre Raymond il a eu une estoufagade que le lendemain il était tout violet, té»

 

Marseille, j’t’aime moins

Lorsque tu crains

Quand tu te montres un peu vulgaire

A la télé en poissonnière

 

«Oh ! Madame Muge, vise un peu :

Qu'est qu'il y a Madame Tofi

Y a Les Parisiens de la télé, y sont venus pour me filmer à moi, je leur fais montrer ou pas»

«Eh ! Voui montrez-y leur, vous ête toute pimpante»

«Bon ! Oh ! Parisien de la télé, aujourd’hui y a tellement de mistral que j’ai la moule qui me siffle»

 

J’aime quand tu «Bonne-mère»

A faire s’embrasser sur le port

Pour une équipe extraordinaire

Tes quartiers Suds, tes quartiers Nord

 

Tu n’es pas belle

Comment tu fais

Tu m’ensorcelle

Tu me retiens dans tes filets.

 

 

Le coeur chamallow

 

 

A se cueillir pour s’amuser

Sur le frisson d’un oreiller

Simple plaisir épicurien

On fait l’amour et puis plus rien

 

Jeu dangereux quand on se donne

A un corps inconnu qui frissonne

Regard heureux de ce cadeau

Mais ma peau veut encore ta peau

 

Ch’uis un « Chamallow » tout mou

Un cœur d’artichaut

Si plus jamais, pas tenir le cou

Un gros bébé roudoudou

Qui s’met à pleurer si son jouet

Plus jamais toucher

 

J’ai appelé on s’est revu

Malgré nos vies déjà touffues

Electrisé ou amoureux

Mais je suis déjà trop joyeux

 

Puis le désert, désir posthume

J’ai déjà perdu tant de plumes

Je devrais faire demi-tour

C’était un jeu pas de l’amour

 

Ch’uis un « Chamallow » tout mou

Un cœur d’artichaut

Si plus jamais, pas tenir le cou

Un gros bébé roudoudou

Qui s’met à pleurer si son jouet

Plus jamais toucher

 

Heureux mélange d’intelligence

De beauté de sensibilité

Pourquoi cet ange n’est plus à prendre

J’aurais tant aimé pouvoir l’aimer

 

Ch’uis un « Chamallow » tout mou

Un cœur d’artichaut

Si plus jamais, pas tenir le cou

Un gros bébé roudoudou

Qui s’met à pleurer si son jouet

Plus jamais toucher.

 

 

Tango tendresse

 

Cesse d'écouter "Chérie-FM"

Viens vite au lit Chérie, je t'aime

Arrête tes crèmes, c'est pas sexy

Une pour le jour, deux pour la nuit

Ca colle et ça fait se gratter

Moi ça me fait démissionner

Comme en plus, faut du caoutchouc

J'ai peur que ça me coupe tout.

 

"Chéri, Tu veux pas me donner un petit peu de tendresse"

 

La tendresse c'est bien beau

Mais faut battre le fer quand il est chaud

Je t'en supplie dépêche-toi

Des mots d'amour : tu en auras

Je t'aime, je t'aime, Ô ! Oui !

Je crois que j'ai déjà tout dit

Je vois déjà venir Morphée

C'est physique, il faut m'en excuser

 

Quand tu veux de la tendresse

J'te fais l'amour comme un camion

Et quand tu veux, mi coracon

Moi je m'endors, entre tes fesses

 

Quand je rentre dans ta cuisine

Que je t'embrasse dans le cou

Si je me lèche les babines

C'est pas à cause de ton ragoût

Je pense plutôt au facteur

Celui qui sonne toujours deux fois

Mais toi qui me connaît par coeur

Tu m'dis aujourd'hui, je peux pas.

 

"Chéri, à quoi tu penses ?"

 

Je n'ose t'avouer le délit

Ces soixante grammes de chair qui'm'pendent

Et qui m'obsèdent jours et nuits

C'est elle qui me télécommande

Le sexe c'est l'opium du peuple

Comme manger, pipi, dodo

Cette seringue qui m'aveugle

Pour un plaisir venu trop tôt

 

Quand tu veux de la tendresse

J'te fais l'amour comme un camion

Et quand tu veux, mi corazon

Moi je m'endors, entre tes fesses

 

Les hommes sont des gorets affreux

Au bout de deux ans : la maîtresse

Si ça pouvait les rendre heureux

C'est elle qui écope des maladresses

Les maris rentrent au bercail

comme des ours mal léchés

Mettre les pieds en éventail

S'faire câliner d'vant la télé.

 

"Chéri, est-ce que tu m'aimes ?"

 

L'Amour c'est ce qui va rester

Quand on f'ra ça, une fois par mois

Des petits mots pour la journée :

Rentre pas tard, ne prends pas froid

Je trouverai peut-être alors

Les mots qu'il faut pour te le dire

Sans rechercher le corps à corps

Je saurai enfin te faire plaisir

 

Quand tu voudras de la tendresse

Je te couvrirai de caresses

Quand tu diras : Amore Mio

J'te f'rais l'amour comme un taureau.

 

Madame

 

Madame

Vous aimez beaucoup trop le deuil

Ca ne sert plus à rien les larmes

Je vous vois partir à vue d’œil

 

Madame

Il faut que vous ayez souffert

Que vous m’ayez caché des drames

Pour que vous viviez cet enfer

Sur la terre

 

Je vous voyais spendide

Vivante comme la mer

Je vous voulais solide

Forte comme un soleil

Je vous aimais valide

Et là je vous vois vieille

Ma mère

 

Madame

Je vois l’espoir qui fout le camp

Même quand vous retrouvez du charme

Dans les sourires que je vous prends

 

Madame

Vos yeux sont des mirroirs éteints

Qui reflètent à peine la flamme

De quelques souvenirs lointants

Mais en vain

 

Je ne peux faire mieux

Que vous donner l’envie

De ranimer ce feu

Pour garder vos sourrires

Pour rallumer vos yeux

Pour la voir refleurir

Ta vie

 

Excuse-moi pour ce : « Madame »

Je’ne voulais pas te faire pleurer

Mais lorsque les repères se fannent

On a besoin de se cacher

 

Je crâne

Mais je suis toujours ton enfant

Même si c’est toi qui me réclame

Qui’a besoin d’amour maintenant

Maman

 

Mais moi je vois encore

Cette femme pleine de charme

Belle comme l’aurore

De ma vie dans ses bras

Qui m’a montré le Nord

Qui restera pour moi

Une grande dame

Madame

 

 

La bistougnette

 

Ce soir je dois voir Marylin

3615 code blonde platine

On a rendez-vous à Bastille

Elle fait faux bond, gare au gorille

Je sais pas quoi faire de mes glandes

Alors je glande rue Pigalle

Çà me dit rien toute cette viande

Au fond je suis sentimental

Même si ça urge dans mon futal

J'rentre au bercail et c'est fatal :

 

J'm'fais une Bistougnette, une coquetterie, une gâterie

Je décoiffe la bébête, je m'époussette le bigoudi

Je débouche la trompette, j'mets un serre-tête au moustachu

J'astique la baïonnette, je fais sa fête au petit Jésus

 

Cette chose qu'on fait en solitaire

Quand on s'retrouve célibataire

Depuis qu'ma femme m'a quitté

J'avoue que j 'l'ai recommencé

Le problème : c'est que j'y ai pris goût

Mon Psy m'a dit : Rassurez-vous

Il y a des tas de gens comme vous

Depuis je reste an garde-à-vous

J'ose la chose n'importe où

Je prends mon pied tout'l'temps, pas vous?

 

J'm'fais des Bistougnettes, des coquetteries, des gâteries

Je décoiffe la bébête, je m'époussette le bigoudi

Je débouche la trompette, j'mets un serre-tête au moustachu

J'astique la baïonnette, je fais sa fête au petit Jésus

 

Paraît qu'les femmes, même les bourgeoises

Quand leur Marcel dort, qu'il est naze

Comme ça, sans rien dire à personne

Se jouent en douce du vibraphone

Sont plus rapides que nous les hommes

En trente secondes elles s'abandonnent

 

Elles s'font des Minouchettes, des coquetteries, des gâteries

S'décoiffe la barbichette et font sa fête au canari

S'effeuillent la pâquerette, font des miaou-miaou-miaou

S'titillent la cacahuète et poussent des lalalaitous, lalalaitou

 

J'aimerai être une mouche

Pour voir si le pape se...couche

En ayant fait que des prières

Voir s'il est de marbre le saint-père

J'aimerais dire au adolescents

De seize à quatre-vingt-seize ans

A bas l'ascèse, profitez-en

Pensez à y mettre du piment

Mon souvenir le plus génial

Ce fut dans un confessionnal

 

J'me fît une ....

 

 

 

Daddy Gainsbarre

 

Mon Daddy Gainsbarre se bourre la gueule

Toutes les nuits, avachi seul

Dans son fauteuil s’détruit la vie

J’ai quinze ans à peine

J’le’traîne au lit, dans son linceul

 

Mon Daddy Gainsbourg se barre d’la vie

Plus d’cigarettes et plus d’whysky

Un coup d’penalty, il change de camp

J’ai juste vingt ans

Haut comme trois pommes, encore un môme

 

J’ai pas eu le temps de t’aider, j’ai juste su te maudire

Te reprocher tes errances

J’ai pas eu le temps de crier, même pas un mot à te dire

Je me cogne à ton silence

 

Je t’aimais plus qu’un père

Un chien abandonné

Un frangin écorché

Un sourire qu’on espère

Un héros oublié

Un géant effrité

 

Mon Daddy clown triste quitte la piste

Petit à petit sort d’ma vie

Je voudrais garder son sourire

Combien d’années pour oublier

Gommer le pire

 

J’ai pas eu le temps de montrer

Que tu bouillonne dans mon sang

Que ton amour porte ses fruits

J’ai pas eu le temps de crier

Que j’aime la vie, je suis vivant

Tu s’ras toujours au creux d’mes nuits

 

Daddy nostalgie est loin d’ma vie

Il voulait partir avant d’vieillir

Dix ans déjà, maint’nant j’comprends

Mais tu s’ras jamais au premier rang

Adieu papa.

 

 

J'veux retourner dans le ventre de ma mère

 

J'veux retourner dans le ventre de ma mère

J'peux plus rester dans ce monde sans pitié

Comme le saumon va remonter toute sa vie la rivière

J'veux retourner dans le ventre de ma mère

 

Depuis qu'j'suis né, on me fait rien qu'des misères

On m'a tiré aux forceps, on m'a baffé

On m'a fessé, on m'a mis chez les curés, on m'a marié

J'veux retourner dans le ventre de ma mère

 

Depuis qu'j'suis p'tit, ben c'est toujours moi qui perds

Comme j'suis gentil, ils disent que j'suis simplet

Ils m'appellent le raté, la raclure de bidet

J'veux retourner dans le ventre de ma mère

 

J'étais heureux quand je leur cachais mes mystères

J'sentais l'amour dans ces mains qui me touchaient

Quand j'suis sorti, ils ont crié : "Il est fripé, Dieu qu'il est laid"

J'veux retourner dans le ventre de ma mère

 

C'était trop dur, j'ai demandé à ma mère

De me re-pondre de se ré-engrosser

Elle m'a traité de possédé, de pauvre taré et d'obsédé

Mais non, c'est juste que la vie est trop amère

 

Désespéré j'ai fait passer une annonce :

"Très gros bébé cherche énorme mère porteuse"

Que des réponses des plus scabreuses :

"D'accord j'te ponds, petit pervers"

Mais non, c'est juste que je veux retrouver la chaleur du ventre d'une mère

 

"changement de cap dans cette histoire obstétricale"

 

J'étais si mal, qu'j'ai fait un voyage astral

pour remonter juste avant le cri primal

J'ai trop plané, j'ai dérapé, plus qu'une moitié, d'protozoaire

J'me suis r'trouvé dans les Bourses de mon père

 

J'étais cerné par des milliers de têtards

Tous alignés sur la ligne de départ

on m'a poussé et j'ai gagné, pour une fois qu'j'étais premier

J'étais l'plus grand dans les Bourses de mon père

J'étais tout p'tit devant cet œuf, j'me suis regonflé, j'suis tout neuf

J'veux plus r'tourner dans le ventre de ma mère.

 

 

Laissez-moi solitaire

 

Laissez-moi immobile sur la petite scène vide

Laissez-moi solitaire drapé de son châle, chez elle

 

Ne me vendez pas aux enchères

A un quelconque marchand de biens

Je suis l’plus cher des Rocking-chairs

Mais laissez-moi, elle le mérite bien

 

Ne soldez pas nos souvenirs

Elle est encore dans mes bras

Elle tremble, elle pourrait en souffrir

Je vous en prie laissez tout comme ça

 

Laissez-moi immobile sur la petite scène vide

Laissez-moi solitaire drapé de son châle, chez elle

 

J’ai tellement eu peur pour elle

Elle était tellement fragile

Son Adieu m’a coupé les ailes

Allez, ne visitez pas ses vestiges

 

Ne vous recueillez pas ici

S’il vous plaît, ne me faites pas balancer

Depuis que la Dame Brune est partie

J’ai plus le cœur à basculer

 

Laissez-moi immobile sur la petite scène vide

Laissez-moi solitaire drapé de son châle, chez elle

 

De grâce ne vous asseyez pas

Elle était tellement légère

Elle doit chanter quelque part

Elle est encore dans la lumière

 

Laissez-moi avec elle, laissez-moi encore son mystère.

 

 

Les chats de gouttière

 

Les chats de gouttières

Aussitôt qu’ils me flairent

Rampent des kilomètres

Et miaulent à ma fenêtre

Moi je suis la minette

Qui rôdent sur vos toits

Qui tourne la tête

Des matous bourgeois

J’les veux racés

Lorsqu’ils me sortent

Avec pedigree

Lorsqu’ils se frottent

Mais

Lorsque je faute

C'que je préfère

C’est

 

Les chats de gouttières

Cambouis plein la crinière

Pelage rastaquouère

Aux grands yeux incendiaires

Moi je suis la féline

Sage dans la journée

La nuit j’adrénaline

Les mâles du quartier

Les gros matous

Me donnent leurs croquettes

Leurs colliers d’bijoux

Quand je hurle à tue-tête

J’m’en fous

Pour les galipettes

C'que je préfère

C’est :

Vous ... miaou...

 

Les chats de gouttières

Qui viennent par derrière

Me mordre la crinière

Comme seuls préliminaires

Moi je suis la chatte

Sur un toit brûlant

Pour qui les chats se battent

Quand vient le printemps

Les mémères

Voudraient qu’on me tonde

Qu’on m’opère

Car c’est une honte

Qu’on tolère

Cette vagabonde

Qui ère

"Et qui cherche à ce qu’on raconte des nuits entières :"

 

Des chats de gouttières

Qui lui font des misères

Car elle vocifère

J’vous dis qu’c’est une sorcière

Moi je suis la chasseuse

De matous de rue

Je suis la dévoreuse

De plaisirs défendus

Les chats d’panier

Manquent de caractère

On a castré

Leur part de mystère

Alors que chez

Les chats de gouttières

C’est, vraiment c’est : … .

 

 

Le petit plus

 

Un homme gris traîne sa nostalgie

Dans ce qu'il reste de ses 20 ans

Son coeur d'enfant lui dit : cette comédie

Ç a peut plus durer maintenant

Car tu as laissé ta vie t'engloutir

Dans ce désert de ne plus rire

De'n'plus pleurer, de ne plus t'envoler

Te laisser porter par sa volupté

Et sous l'étau de cette claustrophobie

Je veux qu'tu'm'crie qu'c'est pas fini

 

Qu'tu as juste un peu moins ce petit plus

Qui t'faisait marcher sur les mains

Croquer les fruits du jardin de Vénus

Manger debout, dormir demain

Donner ta chemise à des pauvres gens

Et ton coeur à la poésie

Rêver de lendemains mirobolants

Qui meurent dans les bras de la nuit

 

Faut dire qu'on t'a trop piétiné l'espoir

Qu'c'est si dur d'aimer son prochain

Que tes pantoufles rêvent de télé le soir

J'espère au moins qu'tu ronges un peu tes freins

Sort de ta carapace de confort

Le bonheur ça se prend au corps

 

Tu sais qu'il est pas loin ce petit plus

Qui t'faisait marcher sur les mains

Croquer les fruits du jardin de Vénus

Manger debout, dormir demain

Donner ta chemise à des pauvres gens

Et ton cœur à la poésie

Rêver de lendemains mirobolants

Qui meurent dans les bras de la nuit

 

Laisses la lumière de tes yeux

Trouver ce frisson mystérieux

 

Laisses la rage de ton cœur

Chasser la poussière et la peur

Laisses pleurer ta nostalgie

Sur la débâcle des non-dits.

 

 

Le sang de la vieille

 

Le sang de la vieille coule dans mes veines

C’est elle qui a usé son mari

A force de tirer les ficelles

De toutes les p’tites hypocrisies

De la bourgeoisie Arlésienne

 

Paraît qu’le vieux ne parlait plus

Paraît qu’il partait à la pêche

Pour laisser croupir la sangsue

Pour être tranquille, mais n’empêche

C’est toujours le pire qui reste

 

La vieille a étouffé son fils

Culottes courtes, petits gants blancs

Faut pas montrer ses sentiments

L’amour s’apprend chez les Jésuites

Il est parti vivre sa vie

 

Une fille d’apprenti boulanger

Plus tard lui a montré l’amour

La vieille a eu mal à creuver

Elle a tout fait pour l’écraser

Mais je suis né de cet amour

 

Je suis sûr que mon père

A pleuré des nuits entières

Comme un enfant qui espère

Qu’on lui dise : je t’aime

 

Le sang de la vieille coule dans mes veines

Petit, elle m’amenait aux vêpres

Des Alyscans au cimetière

Mes vacances sentait le salpêtre

Le moisi et les chrysanthèmes

 

La vieille ne m’aimait pas vraiment

Elle disait : on dirait une fille

J’étais joufflu comme maman

La vieille avait la moitié d’la ville

A Noël elle me donnait dix francs

 

La vieille disait à mes parents :

Ça fait plaisir quand vous venez

Car vous ne venez pas souvent

Mais ça fait plaisir quand vous partez

Et on repartaient en pleurant

 

Avant que j’ne comprenne

Ce que c’est que la haine

Cette bonne paroissienne

M’a déversé la sienne

 

J’ai pleuré à son enterrement

Celle qu’on appelait : bonne maman

Qui nous avait déshérité

C’est mieux comme ça car ses immeubles

Nous seraient tombés sur la gueule

 

Le sang de la mort coule dans mes veines

J’arrache le cœur de ceux qui m’aiment

Plus je vieillis plus je la sens

La vieille es-tu contente de moi ?

Je te ressemble pour une fois

 

J’aimerais m’éclater les veines

Faire couler cette méchanceté

Fouler au pied toute cette haine

Vérole de toute l’humanité

Que je transporte dans mes gènes

 

Et même si la vieille

A bousillé mon père

En détestant ma mère

Si ce soir moi je saigne

 

Dedans son cœur de pierre

Elle a dû vivre un calvaire

Et je vois bien que je l’aime

Qu’elle reste ma grand-mère.

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