Métisong
Y a des matins quand on se lève
Y’a plus de musiques dans nos têtes
Plus les frissons de l’harmonie
Plus aucun parfum de la vie
On a besoin d’autres couleurs
D’aller se métisser le cœur
Alors on se laisse emporter
Par le cliquetis d’une clé
Par la fanfare des poubelles
Le piaillement des hirondelles
Par la symphonie des Klaxons
Ou par le voisin qui fredonne :
Métissons métissons-nous, prenons tous la même cadence
On est les mêmes quand on joue, on a tous les mêmes chances
Qu’on soit Zoulou, hindou, papou, on va tous dans le même sens
Métissons métissons-nous, mélangeons nos différences
Piétinons tout les tabous et balayons la préférence
Nationale que des fous, aujourd’hui encore nous balancent
Ca y est, on retourne au pays
Où il n’y a pas de différences
Comme seule loi la fantaisie
On parle tous la même langue
L’amitié comme seule patrie
L’Amour et puis la tolérance
Métissons métissons-nous, mélangeons nos différences
Piétinons tous les tabous et balayons la préférence
Nationale que des fous, au bruit des bottes nous cadencent
Métissons métissons-nous, mélangeons nos différences
Piétinons les garde-fous car maintenant c’est une urgence
Ne ratons pas le rendez-vous, on a tous la même espérance.
Le blues des huit heures de boulot
Y’a eu la blouse du dentiste
Y’a eu le blues du bisnesman
Le blues qui veux dire que je t’aime
Moi j’chante un blues plus réaliste
Quand la nuit j’plane dans mes nuages
Que les rêves me porte-bagages
J’entends peu à peu une musique
Mais c’est un Bip-Bip névrotique
Qui m’dégringole vertigineux
Vers mon deux-pièces de banlieu
J’me déguise en premier d’la classe
Pas de café déjà j’m’entasse
Dans ces cohortes de morts-vivants
J’arrive en r’tard évidemment
Avec la gueule enfarinée
Avec la trace de l’oreillet
Et les neurones coagulés
J’ai l’blues des huit heures de boulot
Dès huit heures, j’veux plus travailler
Je perds ma vie à la gagner
Ça m’conduit droit vers mon tombeau
Après une heure d’embouteillages
J’atteris complètement en nage
J’ai le sermon du directeur :
Je sais Monsieur l’heure, c’est : huit heures
J’attends dix heures pour mon café
Quoi ? la machine est détraquée
J’ai des coups d’marteaux dans la tête
Vite midi pour qu’ça s’arrête
Mais au repas pas de cadeau
Les copains me parlent de boulot
Et cette cravatte veut m’étrangler
J’la fais tremper dans mon café
Je suis vraiment désespéré
J’ai l’blues des huit heures de boulot
Dès huit heures, j’veux plus travailler
Je perds ma vie à la gagner
Ça m’conduit droit vers mon tombeau
L’après-midi c’est le plus long
Je me tap’rais bien un roupillon
Pour m’réveiller, je compte les heures
Quand j’réalise, j’ai mal au cœur
Plus que quatre, cet après-midi
Mais trente-six jusqu’à vendredi
Et mille six cents jusqu’aux vacances
J’me décompose quand j’y pense
Soixante-dix milles pour la retraite
Je vais vomir dans les toilettes
En r’venant j’croise le patron
Qui m’dit à sept heures : réunion
Et là j’suis pris de convulsions
J’ai l’blues des huit heures de boulot
Dès huit heures, j’veux plus travailler
Je perds ma vie à la gagner
Ça m’conduit droit vers mon tombeau
A l’heure qu’il est, y a plus d’bouchon
J’me rapatrie chez ma maison
Juste la force de manger
De m’engloutir dans la télé
De peur d’être obligé d voir
Qu’j’ai que deux heures à moi le soir
Que d’autres rêvent de cette chance que j’ai
Et que j’m’arrêterai jamais
Mais déjà se ferment mes yeux
Et j’rejoins mon bonheur moelleux :
Sur une mer étale
Couverte de pétales
Baigne un soleil léger
Où joue une risée
On ramasse des fruits
Aucun n’est interdit
Et nous faisons l’amour
Sur des vagues-velours
Enivrés de musiques
Au doux son …
Au doux son …
Au doux son … névrotique …
C’est huit heures et j’ai l’blues
Le blues des huit heures de boulot.
Marseille
Tu n’es pas belle
Comment tu fais
Tu m’ensorcelle
Tu me retiens dans tes filets
Cité rebelle
La moins aimée
Des demoiselles
Des bords de méditerranée
Marseille, je t’aime
Toute bronzée
Quand tu déchaînes
Les mecs sur la plage l’été
Marseille, j’t’aime moins
Lorsque tu crains
Quand tu te gares en double file
Tu «emboucane » toute la ville
«Allez zou ma belle, tu fais un bouchon qui va de la corniche à la canebière
Oh ! boulègues pas lou batèou, je fais une bise à ma collègue que je l’ai pas vu depuis ce matin »
Marseille, je t’aime
Les yeux mouillés
Tu me fais peine
La nuit te rend triste à pleurer
Mais ton mistral
Vient te sauver
Sacrée cigale
C’est le soleil qui’t’fait chanter
J’aime quand tu fausse-blonde
Que tu bijoute trop clinquant
Tu mini-jupe comme une bombe
Que tu te fardes trop flambant
Marseille, j’t’aime moins
Lorsque tu crains
Quand tu t’emportes, tu prise-de-bec
Que tu te bats, que t’es un mec
«Oh! si tu manques de respect à ma copine je t'explose, tu as compris,
Viviane retiens-moi où je le fracasse»
«Raymond, Raymond calme-toi, il va te venir encore les cacarinettes»
«Bon, tu as de la chance»
Marseille, je t’aime
Quand tu es la «Mamma»
Tu es la reine
Tous tes minots autour de toi
En boulangère
Quand tu me dis
«Eh, be ! peuchère
tu’as l’air tout triste mon kiki »
J’aime quand tu toute vieille
Que tu me parles comme à ton fils
Tu dis ton repas de la veille
«Oh ! boudiwe Gari, hier je me suis mangé une aïoli qu’elle m’a reproché toute la nuit, que peuchère mon pauvre Raymond il a eu une estoufagade que le lendemain il était tout violet, té»
Marseille, j’t’aime moins
Lorsque tu crains
Quand tu te montres un peu vulgaire
A la télé en poissonnière
«Oh ! Madame Muge, vise un peu :
Qu'est qu'il y a Madame Tofi
Y a Les Parisiens de la télé, y sont venus pour me filmer à moi, je leur fais montrer ou pas»
«Eh ! Voui montrez-y leur, vous ête toute pimpante»
«Bon ! Oh ! Parisien de la télé, aujourd’hui y a tellement de mistral que j’ai la moule qui me siffle»
J’aime quand tu «Bonne-mère»
A faire s’embrasser sur le port
Pour une équipe extraordinaire
Tes quartiers Suds, tes quartiers Nord
Tu n’es pas belle
Comment tu fais
Tu m’ensorcelle
Tu me retiens dans tes filets.
Le coeur chamallow
A se cueillir pour s’amuser
Sur le frisson d’un oreiller
Simple plaisir épicurien
On fait l’amour et puis plus rien
Jeu dangereux quand on se donne
A un corps inconnu qui frissonne
Regard heureux de ce cadeau
Mais ma peau veut encore ta peau
Ch’uis un « Chamallow » tout mou
Un cœur d’artichaut
Si plus jamais, pas tenir le cou
Un gros bébé roudoudou
Qui s’met à pleurer si son jouet
Plus jamais toucher
J’ai appelé on s’est revu
Malgré nos vies déjà touffues
Electrisé ou amoureux
Mais je suis déjà trop joyeux
Puis le désert, désir posthume
J’ai déjà perdu tant de plumes
Je devrais faire demi-tour
C’était un jeu pas de l’amour
Ch’uis un « Chamallow » tout mou
Un cœur d’artichaut
Si plus jamais, pas tenir le cou
Un gros bébé roudoudou
Qui s’met à pleurer si son jouet
Plus jamais toucher
Heureux mélange d’intelligence
De beauté de sensibilité
Pourquoi cet ange n’est plus à prendre
J’aurais tant aimé pouvoir l’aimer
Ch’uis un « Chamallow » tout mou
Un cœur d’artichaut
Si plus jamais, pas tenir le cou
Un gros bébé roudoudou
Qui s’met à pleurer si son jouet
Plus jamais toucher.
Tango tendresse
Cesse d'écouter "Chérie-FM"
Viens vite au lit Chérie, je t'aime
Arrête tes crèmes, c'est pas sexy
Une pour le jour, deux pour la nuit
Ca colle et ça fait se gratter
Moi ça me fait démissionner
Comme en plus, faut du caoutchouc
J'ai peur que ça me coupe tout.
"Chéri, Tu veux pas me donner un petit peu de tendresse"
La tendresse c'est bien beau
Mais faut battre le fer quand il est chaud
Je t'en supplie dépêche-toi
Des mots d'amour : tu en auras
Je t'aime, je t'aime, Ô ! Oui !
Je crois que j'ai déjà tout dit
Je vois déjà venir Morphée
C'est physique, il faut m'en excuser
Quand tu veux de la tendresse
J'te fais l'amour comme un camion
Et quand tu veux, mi coracon
Moi je m'endors, entre tes fesses
Quand je rentre dans ta cuisine
Que je t'embrasse dans le cou
Si je me lèche les babines
C'est pas à cause de ton ragoût
Je pense plutôt au facteur
Celui qui sonne toujours deux fois
Mais toi qui me connaît par coeur
Tu m'dis aujourd'hui, je peux pas.
"Chéri, à quoi tu penses ?"
Je n'ose t'avouer le délit
Ces soixante grammes de chair qui'm'pendent
Et qui m'obsèdent jours et nuits
C'est elle qui me télécommande
Le sexe c'est l'opium du peuple
Comme manger, pipi, dodo
Cette seringue qui m'aveugle
Pour un plaisir venu trop tôt
Quand tu veux de la tendresse
J'te fais l'amour comme un camion
Et quand tu veux, mi corazon
Moi je m'endors, entre tes fesses
Les hommes sont des gorets affreux
Au bout de deux ans : la maîtresse
Si ça pouvait les rendre heureux
C'est elle qui écope des maladresses
Les maris rentrent au bercail
comme des ours mal léchés
Mettre les pieds en éventail
S'faire câliner d'vant la télé.
"Chéri, est-ce que tu m'aimes ?"
L'Amour c'est ce qui va rester
Quand on f'ra ça, une fois par mois
Des petits mots pour la journée :
Rentre pas tard, ne prends pas froid
Je trouverai peut-être alors
Les mots qu'il faut pour te le dire
Sans rechercher le corps à corps
Je saurai enfin te faire plaisir
Quand tu voudras de la tendresse
Je te couvrirai de caresses
Quand tu diras : Amore Mio
J'te f'rais l'amour comme un taureau.
Madame
Madame
Vous aimez beaucoup trop le deuil
Ca ne sert plus à rien les larmes
Je vous vois partir à vue d’œil
Madame
Il faut que vous ayez souffert
Que vous m’ayez caché des drames
Pour que vous viviez cet enfer
Sur la terre
Je vous voyais spendide
Vivante comme la mer
Je vous voulais solide
Forte comme un soleil
Je vous aimais valide
Et là je vous vois vieille
Ma mère
Madame
Je vois l’espoir qui fout le camp
Même quand vous retrouvez du charme
Dans les sourires que je vous prends
Madame
Vos yeux sont des mirroirs éteints
Qui reflètent à peine la flamme
De quelques souvenirs lointants
Mais en vain
Je ne peux faire mieux
Que vous donner l’envie
De ranimer ce feu
Pour garder vos sourrires
Pour rallumer vos yeux
Pour la voir refleurir
Ta vie
Excuse-moi pour ce : « Madame »
Je’ne voulais pas te faire pleurer
Mais lorsque les repères se fannent
On a besoin de se cacher
Je crâne
Mais je suis toujours ton enfant
Même si c’est toi qui me réclame
Qui’a besoin d’amour maintenant
Maman
Mais moi je vois encore
Cette femme pleine de charme
Belle comme l’aurore
De ma vie dans ses bras
Qui m’a montré le Nord
Qui restera pour moi
Une grande dame
Madame
La bistougnette
Ce soir je dois voir Marylin
3615 code blonde platine
On a rendez-vous à Bastille
Elle fait faux bond, gare au gorille
Je sais pas quoi faire de mes glandes
Alors je glande rue Pigalle
Çà me dit rien toute cette viande
Au fond je suis sentimental
Même si ça urge dans mon futal
J'rentre au bercail et c'est fatal :
J'm'fais une Bistougnette, une coquetterie, une gâterie
Je décoiffe la bébête, je m'époussette le bigoudi
Je débouche la trompette, j'mets un serre-tête au moustachu
J'astique la baïonnette, je fais sa fête au petit Jésus
Cette chose qu'on fait en solitaire
Quand on s'retrouve célibataire
Depuis qu'ma femme m'a quitté
J'avoue que j 'l'ai recommencé
Le problème : c'est que j'y ai pris goût
Mon Psy m'a dit : Rassurez-vous
Il y a des tas de gens comme vous
Depuis je reste an garde-à-vous
J'ose la chose n'importe où
Je prends mon pied tout'l'temps, pas vous?
J'm'fais des Bistougnettes, des coquetteries, des gâteries
Je décoiffe la bébête, je m'époussette le bigoudi
Je débouche la trompette, j'mets un serre-tête au moustachu
J'astique la baïonnette, je fais sa fête au petit Jésus
Paraît qu'les femmes, même les bourgeoises
Quand leur Marcel dort, qu'il est naze
Comme ça, sans rien dire à personne
Se jouent en douce du vibraphone
Sont plus rapides que nous les hommes
En trente secondes elles s'abandonnent
Elles s'font des Minouchettes, des coquetteries, des gâteries
S'décoiffe la barbichette et font sa fête au canari
S'effeuillent la pâquerette, font des miaou-miaou-miaou
S'titillent la cacahuète et poussent des lalalaitous, lalalaitou
J'aimerai être une mouche
Pour voir si le pape se...couche
En ayant fait que des prières
Voir s'il est de marbre le saint-père
J'aimerais dire au adolescents
De seize à quatre-vingt-seize ans
A bas l'ascèse, profitez-en
Pensez à y mettre du piment
Mon souvenir le plus génial
Ce fut dans un confessionnal
J'me fît une ....
Daddy Gainsbarre
Mon Daddy Gainsbarre se bourre la gueule
Toutes les nuits, avachi seul
Dans son fauteuil s’détruit la vie
J’ai quinze ans à peine
J’le’traîne au lit, dans son linceul
Mon Daddy Gainsbourg se barre d’la vie
Plus d’cigarettes et plus d’whysky
Un coup d’penalty, il change de camp
J’ai juste vingt ans
Haut comme trois pommes, encore un môme
J’ai pas eu le temps de t’aider, j’ai juste su te maudire
Te reprocher tes errances
J’ai pas eu le temps de crier, même pas un mot à te dire
Je me cogne à ton silence
Je t’aimais plus qu’un père
Un chien abandonné
Un frangin écorché
Un sourire qu’on espère
Un héros oublié
Un géant effrité
Mon Daddy clown triste quitte la piste
Petit à petit sort d’ma vie
Je voudrais garder son sourire
Combien d’années pour oublier
Gommer le pire
J’ai pas eu le temps de montrer
Que tu bouillonne dans mon sang
Que ton amour porte ses fruits
J’ai pas eu le temps de crier
Que j’aime la vie, je suis vivant
Tu s’ras toujours au creux d’mes nuits
Daddy nostalgie est loin d’ma vie
Il voulait partir avant d’vieillir
Dix ans déjà, maint’nant j’comprends
Mais tu s’ras jamais au premier rang
Adieu papa.
J'veux retourner dans le ventre de ma mère
J'veux retourner dans le ventre de ma mère
J'peux plus rester dans ce monde sans pitié
Comme le saumon va remonter toute sa vie la rivière
J'veux retourner dans le ventre de ma mère
Depuis qu'j'suis né, on me fait rien qu'des misères
On m'a tiré aux forceps, on m'a baffé
On m'a fessé, on m'a mis chez les curés, on m'a marié
J'veux retourner dans le ventre de ma mère
Depuis qu'j'suis p'tit, ben c'est toujours moi qui perds
Comme j'suis gentil, ils disent que j'suis simplet
Ils m'appellent le raté, la raclure de bidet
J'veux retourner dans le ventre de ma mère
J'étais heureux quand je leur cachais mes mystères
J'sentais l'amour dans ces mains qui me touchaient
Quand j'suis sorti, ils ont crié : "Il est fripé, Dieu qu'il est laid"
J'veux retourner dans le ventre de ma mère
C'était trop dur, j'ai demandé à ma mère
De me re-pondre de se ré-engrosser
Elle m'a traité de possédé, de pauvre taré et d'obsédé
Mais non, c'est juste que la vie est trop amère
Désespéré j'ai fait passer une annonce :
"Très gros bébé cherche énorme mère porteuse"
Que des réponses des plus scabreuses :
"D'accord j'te ponds, petit pervers"
Mais non, c'est juste que je veux retrouver la chaleur du ventre d'une mère
"changement de cap dans cette histoire obstétricale"
J'étais si mal, qu'j'ai fait un voyage astral
pour remonter juste avant le cri primal
J'ai trop plané, j'ai dérapé, plus qu'une moitié, d'protozoaire
J'me suis r'trouvé dans les Bourses de mon père
J'étais cerné par des milliers de têtards
Tous alignés sur la ligne de départ
on m'a poussé et j'ai gagné, pour une fois qu'j'étais premier
J'étais l'plus grand dans les Bourses de mon père
J'étais tout p'tit devant cet œuf, j'me suis regonflé, j'suis tout neuf
J'veux plus r'tourner dans le ventre de ma mère.
Laissez-moi solitaire
Laissez-moi immobile sur la petite scène vide
Laissez-moi solitaire drapé de son châle, chez elle
Ne me vendez pas aux enchères
A un quelconque marchand de biens
Je suis l’plus cher des Rocking-chairs
Mais laissez-moi, elle le mérite bien
Ne soldez pas nos souvenirs
Elle est encore dans mes bras
Elle tremble, elle pourrait en souffrir
Je vous en prie laissez tout comme ça
Laissez-moi immobile sur la petite scène vide
Laissez-moi solitaire drapé de son châle, chez elle
J’ai tellement eu peur pour elle
Elle était tellement fragile
Son Adieu m’a coupé les ailes
Allez, ne visitez pas ses vestiges
Ne vous recueillez pas ici
S’il vous plaît, ne me faites pas balancer
Depuis que la Dame Brune est partie
J’ai plus le cœur à basculer
Laissez-moi immobile sur la petite scène vide
Laissez-moi solitaire drapé de son châle, chez elle
De grâce ne vous asseyez pas
Elle était tellement légère
Elle doit chanter quelque part
Elle est encore dans la lumière
Laissez-moi avec elle, laissez-moi encore son mystère.
Les chats de gouttière
Les chats de gouttières
Aussitôt qu’ils me flairent
Rampent des kilomètres
Et miaulent à ma fenêtre
Moi je suis la minette
Qui rôdent sur vos toits
Qui tourne la tête
Des matous bourgeois
J’les veux racés
Lorsqu’ils me sortent
Avec pedigree
Lorsqu’ils se frottent
Mais
Lorsque je faute
C'que je préfère
C’est
Les chats de gouttières
Cambouis plein la crinière
Pelage rastaquouère
Aux grands yeux incendiaires
Moi je suis la féline
Sage dans la journée
La nuit j’adrénaline
Les mâles du quartier
Les gros matous
Me donnent leurs croquettes
Leurs colliers d’bijoux
Quand je hurle à tue-tête
J’m’en fous
Pour les galipettes
C'que je préfère
C’est :
Vous ... miaou...
Les chats de gouttières
Qui viennent par derrière
Me mordre la crinière
Comme seuls préliminaires
Moi je suis la chatte
Sur un toit brûlant
Pour qui les chats se battent
Quand vient le printemps
Les mémères
Voudraient qu’on me tonde
Qu’on m’opère
Car c’est une honte
Qu’on tolère
Cette vagabonde
Qui ère
"Et qui cherche à ce qu’on raconte des nuits entières :"
Des chats de gouttières
Qui lui font des misères
Car elle vocifère
J’vous dis qu’c’est une sorcière
Moi je suis la chasseuse
De matous de rue
Je suis la dévoreuse
De plaisirs défendus
Les chats d’panier
Manquent de caractère
On a castré
Leur part de mystère
Alors que chez
Les chats de gouttières
C’est, vraiment c’est : … .
Le petit plus
Un homme gris traîne sa nostalgie
Dans ce qu'il reste de ses 20 ans
Son coeur d'enfant lui dit : cette comédie
Ç a peut plus durer maintenant
Car tu as laissé ta vie t'engloutir
Dans ce désert de ne plus rire
De'n'plus pleurer, de ne plus t'envoler
Te laisser porter par sa volupté
Et sous l'étau de cette claustrophobie
Je veux qu'tu'm'crie qu'c'est pas fini
Qu'tu as juste un peu moins ce petit plus
Qui t'faisait marcher sur les mains
Croquer les fruits du jardin de Vénus
Manger debout, dormir demain
Donner ta chemise à des pauvres gens
Et ton coeur à la poésie
Rêver de lendemains mirobolants
Qui meurent dans les bras de la nuit
Faut dire qu'on t'a trop piétiné l'espoir
Qu'c'est si dur d'aimer son prochain
Que tes pantoufles rêvent de télé le soir
J'espère au moins qu'tu ronges un peu tes freins
Sort de ta carapace de confort
Le bonheur ça se prend au corps
Tu sais qu'il est pas loin ce petit plus
Qui t'faisait marcher sur les mains
Croquer les fruits du jardin de Vénus
Manger debout, dormir demain
Donner ta chemise à des pauvres gens
Et ton cœur à la poésie
Rêver de lendemains mirobolants
Qui meurent dans les bras de la nuit
Laisses la lumière de tes yeux
Trouver ce frisson mystérieux
Laisses la rage de ton cœur
Chasser la poussière et la peur
Laisses pleurer ta nostalgie
Sur la débâcle des non-dits.
Le sang de la vieille
Le sang de la vieille coule dans mes veines
C’est elle qui a usé son mari
A force de tirer les ficelles
De toutes les p’tites hypocrisies
De la bourgeoisie Arlésienne
Paraît qu’le vieux ne parlait plus
Paraît qu’il partait à la pêche
Pour laisser croupir la sangsue
Pour être tranquille, mais n’empêche
C’est toujours le pire qui reste
La vieille a étouffé son fils
Culottes courtes, petits gants blancs
Faut pas montrer ses sentiments
L’amour s’apprend chez les Jésuites
Il est parti vivre sa vie
Une fille d’apprenti boulanger
Plus tard lui a montré l’amour
La vieille a eu mal à creuver
Elle a tout fait pour l’écraser
Mais je suis né de cet amour
Je suis sûr que mon père
A pleuré des nuits entières
Comme un enfant qui espère
Qu’on lui dise : je t’aime
Le sang de la vieille coule dans mes veines
Petit, elle m’amenait aux vêpres
Des Alyscans au cimetière
Mes vacances sentait le salpêtre
Le moisi et les chrysanthèmes
La vieille ne m’aimait pas vraiment
Elle disait : on dirait une fille
J’étais joufflu comme maman
La vieille avait la moitié d’la ville
A Noël elle me donnait dix francs
La vieille disait à mes parents :
Ça fait plaisir quand vous venez
Car vous ne venez pas souvent
Mais ça fait plaisir quand vous partez
Et on repartaient en pleurant
Avant que j’ne comprenne
Ce que c’est que la haine
Cette bonne paroissienne
M’a déversé la sienne
J’ai pleuré à son enterrement
Celle qu’on appelait : bonne maman
Qui nous avait déshérité
C’est mieux comme ça car ses immeubles
Nous seraient tombés sur la gueule
Le sang de la mort coule dans mes veines
J’arrache le cœur de ceux qui m’aiment
Plus je vieillis plus je la sens
La vieille es-tu contente de moi ?
Je te ressemble pour une fois
J’aimerais m’éclater les veines
Faire couler cette méchanceté
Fouler au pied toute cette haine
Vérole de toute l’humanité
Que je transporte dans mes gènes
Et même si la vieille
A bousillé mon père
En détestant ma mère
Si ce soir moi je saigne
Dedans son cœur de pierre
Elle a dû vivre un calvaire
Et je vois bien que je l’aime
Qu’elle reste ma grand-mère.